Et voici que Miguel Samiez alias Astral se mue en Aeryal, délaissant l’éther infini pour venir caresser les plages de Tenganan. Deux premiers albums prometteurs laissaient espérer encore mieux et c’est chose faite avec ce Tenganan aux couleurs chatoyantes, où la personnalité musicale de Miguel Samiez s’affirme davantage, assume aussi ses influences et les transcende. Le jeune Padawan mérite d’être intronisé Chevalier Jedi !
Avec Tenganan, Miguel Samiez évoque son voyage à Bali (et dans le village de Tenganan…) en 2006, au travers de douze pièces musicales, douze pièces d’un puzzle où se mêlent les riches sensations de la découverte d’un pays longtemps rêvé. Cette invitation au dépaysement a rencontré un succès des plus mérités.
Cet extrait du témoignage d’une fan résume bien l’engouement suscité par Aeryal “divinité musicale polymorphe aux mouvances surprenantes (…) dont l’énergie tantrisante rebondit en fluides multicolores et ascencionnels (…). Du grand art.”…
Quelques comparaisons avec Vangelis, JMJ, Klaus Schulze et autres maîtres de la musique électronique viennent encore complimenter les “mélopées électroniques, qui évoquent tantôt un océan langoureux tantôt un étrange paysage sylvestre peuplé de gnomes primitifs qui scandent des prières inconnues à la fertilité”, mais elles semblent bien réductrices une fois qu’on a écouté Tenganan.
L’album s’ouvre avec petite intro sympathique, The Trip Begins, qui eut sans doute été plus épique avec des arrangements plus tribaux. L’album prend vraiment son envol dès le deuxième et magnifique morceau, Nova, auquel la délicate guitare de Christophe Gigon apporte une touche oldfieldienne appropriée. On enchaîne avec un Indian Ocean au climat reposant, mais un poil trop long, puis un Dusk atmosphérique très réussi et enfin avec Storm, seconde pièce maîtresse de Tenganan, prenante dès la première mesure et d’une facture irréprochable. S’ensuit un Dancing Mist in Besakih certes plaisant, mais qui qui traîne un peu en longueur (plus court, à l’instar de Indian Ocean, son thème eut vraiment gagné en impact, tout comme La spirale des sons). Mais ces quelques baisses de régimes sont relatives à l’excellence qui prédomine sur la majeure partie de l’album (avec un talent comme celui de Miguel Samiez, on a vite fait de faire le difficile !). Citons encore Pure, à l’ambiance apaisante, qui évoque Dead Can Dance dans son introduction, Illusion, qui flirte les 10 minutes et nous entraîne dans une rêverie ou l’on imagine un bouddha assoupi au milieu de volutes d’encens, et une très belle complainte, Mystical Island… Tout cela ponctué par des interludes envoûtants comme Garuda, Divine, The Hidden Beast…
Enfin, Aeryal conclut Tenganan avec Toward Infinity, où il rend hommage à Vangelis de manière sublime, on sent qu’Aeryal a compris l’essence du maître hellénique et ne fait pas qu’en reproduire les gimmicks. Ne manque plus qu’à Aeryal une barbe, quelques chevalières et d’être entouré d’une armada de claviers pour faire plus Vangelis que Vangelis ! Toujours est-il que si Towards Infinity pourrait être catalogué Vangelis pur souche, Aeryal y apporte toute sa magie.
Tenganan est une auto-production de haut vol qui se place au niveau des pointures du genre. Miguel Samiez a frisé d’un cheveu l’album de toute grande classe et l’on sent bien qu’il a désormais la maturité et le savoir-faire pour y arriver. Ajoutons encore que la splendide pochette est également une création de Miguel Samiez, révélant une autre facette de son talent. Bravo !
Site officiel d’Aeryal : https://soundcloud.com/aeryal